
26/07/1996 - 08/08/1996
Prélude aquatique
    Et voici le Vent de l'Eau
    Qui chuchote dans la Nuit
    La Fragilité des Mots
    Et la Puissance des Cris
    Voici les Sources, les Étangs
    Qui savent avec Certitude
    Qu'un bel Amour se prend
    Dans une même Solitude
    Voici la Pluie chaude de l'Été
    Pleuvant pour enivrer les Forêts
    Qui auraient pu encore ignorer
    L'Eau bleue des Baisers que je volais.
26/07/96
Naissance des Courants marins
    Avant de courir
    Dans la Fureur des Torrents
    L'Eau des Sources
    Se marie à l'Or du Soleil
    Elle rêve d'un Lac endormi
    Qui ne voudrait se réveiller
    Avant d'avoir touché le Ciel
    Sans un Mot
    L'Eau chante déjà
    La Symphonie des Larmes
    Qui coulent abreuver les Montagnes
    Pour que l'Océan ne connaisse jamais
    Le Désespoir des Déserts
    Puis l'Eau oublie
    Elle oublie le Murmure du Silence
    Elle oublie le Charme des Lacs
    La Saveur parfumée des Lunes
    Et la Fluidité des Sources Transparentes
    L'Eau coule
    Et Rien ne l'arrête de couler
    Ni le Flamboiement du Soleil
    Ni les Cris des Mouettes au-dessus des Mers
    L'Eau coule
    Et se nourrit d'Éloges
    Sur la Vigueur de son Courant
    L'Eau coule tant, si vite
    Qu'elle oublie de s'écouter couler
Et se repose enfin
    Elle rêve à nouveau
    De flotter dans le Bleu du Ciel
    Elle embrasse à nouveau
    Les Gouttes aquaphiles
    Qui caressent son Corps
    Sagement
    Elle prie devant la Nuit
    Les Nuages floconneux
    Qui lui ont offert la Vie
    Elle respire
    Tendrement
    Doucement
    Les Paires d'Oxygène
    Qui l'ont rendu à la Mer
    Elle écoute enfin
    Ce Chant des Sources
    Qui berçait ses Rêves d'Enfance
    Et savait déjà s'accorder
    Avec la Virtuosité du Vent
    Et l'Or fleurissant de la Solitude
    Lorsqu'elle s'est suffisamment souvenu
    De ses Instants de Rêveries profondes
    Où les Vagues avaient cette Émotion cosmique
    Désirant séduire les Poèmes
    Pour soulager leurs Cicatrices
    L'Eau s'aime à nouveau d'une nouvelle Naissance
    Et redevient Eau
26/07/96
Rêverie de Langues océanes
    Assis au Bord d'une Falaise
    Je sens mes Rêves attirés
    Au Fond des Rivages bleutés
    Là, des Sirènes espagnoles dansent
    Dans la Fumée de Cigarett's anglaises
    Alors leurs chaudes Voix gitanes lancent
    Leurs Notes dans des Langues inconnues
    Reflétant la douceur de leurs Peaux Nues
    Car l'Océan est le Berceau
    Où est né chaque Mot nouveau
    Et chaque Nuit l'Eau s'y endort
    Pour à nouveau chanter plus fort
    Enivrée par ces Chants multicolores
    J'entends mes Rêveries rêver encore
    Assis au Bord d'une Falaise
27/07/96
Alchimie de l'apnée
    L'Eau claire a cette Beauté alchimique
    Débarrassée de tout Zézaiement
    Que l'on respire dans l'Air et le Vent
    Lorsqu'on sait boire l'Espace cosmique
27/07/96
Plongeon
    Et l'on plonge dans l'Eau comme dans un Poème
    S'élevant au-dessus des Nuages du Temps
    Qui brouillent les Regards inévitablement
    On plonge dans l'Eau sans sa propre Ombre même
    On plonge soulagé puisque dans l'Eau on sème
    Tous les sombres Soupirs qui pèsent trop souvent
    Sur l'Air sec quotidien pour rêver doucement
    D'une Force infinie à la Fille qu'on aime
    L'Eau voit cet Orgueil qui ensable le Désert
    À se retrouver seul dans un Temps qui se perd
    Mais l'Eau vite a besoin que ses Gouttes inondent
    La Peau nue de son Coeur oubliant tout Orgueil
    Qui pourrait empêcher la Poésie du Monde
    De noyer sous son Sein sa Rime et ses Écueils
27/07/96
Ombrelle pour la Pluie
    L'Eau repousse les Feux agressifs
    En les noyant d'Indifférence
    Dans l'Uniformité limpide
    De son Étendue infinie
27/07/96
Surface aquatique
    La Surface de l'Eau
    Est une Silhouette teintée
    De Délicatesse
27/07/96
Géométrie de l'Eau
    Sur l'Eau
    Dans l'Eau
    Résonne le Son
    D'une Voyelle féminine
    Cerclée de Perfection
    Elle rassemble en son Coeur
    Une Beauté emplie de Contradictions
    Car son Centre est le Point exact
    Où se rencontrent
    La Violence des Torrents
    Et le Calme apaisant des Étangs
    La Virilité de l'Océan
    Et l'Ambiguïté féminine des Mers
    La Chaleur des Geysers
    Et le Froid tranchant des Banquises
    Le Bleu Marine des Fonds océaniques
    Et l'Azur de la Pluie
    Aux Reflets prophétiques
    L'Eau est cette douce Tendresse
    Pointée sur un Sein qu'on caresse
    Et la parfaite Transparence
    D'un Ciel à l'Horizon immense
    Pourtant lorsque son Rire se vide
    On y puise des Larmes acides
27/07/96
Trilogie imbibée des Éléments
    L'Eau ne supporte pas les Barricades
    Ni les frontières masquant l'Horizon.
    Comme l'Air, l'Eau boit à pleines Rasades
    L'Infini dont elle connaît le Nom
    De chaque Goutte et de chaque Reflet ;
    Comme l'Air, elle ne laisse jamais
    Endiguer ses Désirs de Liberté.
    L'Eau déteste les Instants qui s'allongent
    Et dont on attend sans cesse la Fin.
    Comme le Feu, l'Eau coule dans un Songe
    Pour naître d'une Étincelle, qui tient
    À jouer sa Vie comme au premier Jour ;
    Comme le Feu, elle brûle toujours
    D'un Éclair embrasant l'Éternité.
    L'Eau a cette Force des Éléments
    Qui ont su se détacher de la Terre,
    De son Espace emprisonné du Temps ;
    L'Eau est une Rêverie qu'on espère.
28/07/96
Eau bleue
    L'Eau est bleue
    Car en ses Interstices
    Coulent le Ciel et la Nuit
28/07/96
Mer berceuse
    Au plus profond de ses Molécules
    L'Eau a cette Beauté rassurante
    Qui fait que les noirs Démons reculent
    Devant cette Eau calme qui enchante
    Même lorsque ses Lèvres écument
    Crachant violemment toute sa Haine
    Même lorsque ses Entrailles fument
    Vomissant la Chaleur de ses Peines
    L'Eau sait réconforter sous son Sein
    Avec un Calme si maternel
    Les Pleurs des Enfants et des Lutins
    Et leur offre des Baisers de Miel
    Car l'Eau renferme dans ses Poumons
    Un Souffle féminin déferlant
    Depuis les Sommets de l'Élotion
    Jusque dans les Arcanes du Temps
29/07/96
L'Éros-Eau pensant
    Lorsque l'Eau pense
    Elle réfléchit comme un Enfant qui pense
    Comme un Enfant elle pense tout haut
    Sans encore avoir de basses Plaies à panser
    Ou alors sans penser à ses Plaies
    Comme un Enfant, l'Eau
    Pense que les Lunes sont deux
    Juste parce qu'ainsi c'est mieux
    L'Eau pense avec de jolis Mots
    Avec ses Lacs et ses Torrents
    Ses Étangs et ses Océans
    L'Eau comme un Enfant
    Réfléchit des Mots de Lunes
    Des Mots qui brillent dans ses Yeux
    Les Pensées de l'Eau caressent du Doigt
    Les Étoiles et les Éclipses
    Qui brillent et tournent en Ronds étroits
    Dans ses Ronds d'Eau en Ellipse
    Car les Pensées de l'Eau
    Comme les Pensées d'un Enfant
    Laissent rouler dans les Flots
    Des Mots d'un bel Amour innocent
    D'un grand Amour poétique
    Réfléchissant ses Rêveries cosmiques.
31/07/96
Lo
    Et j'ai connu l'Eau où navigue une Plume
    La plus douce entre toutes les douces Eaux
    Elle venait s'écoulant d'un Crachin de Brume
    Ses Embruns ont soûlé mon Destin tantôt
    Les Mots s'envolaient de sa Plume fragile
    Déposant une Goutte sur l'Arc-en-Ciel
    Pour lui offrir la Saveur des Mers tranquilles
    Et la tendre Couleur bleue du Bleu du Ciel
    Les Silences qu'elle écrivait en plongeant
    Sa Plume dorée dans l'Encre d'Océan
    Ont fait couler de scintillantes Larmes
    Bien vite noyées dans l'Oubli de son Charme
    Cette Eau a éclaboussé mes souvenirs
    Y gravant des Bonheurs à n'en plus finir
    De sa Plume de Soeur, de sa Plume d'Ange
    De sa Plume mouillée d'un Amour étrange
31/07/96
Les Chats ont peur de l'Eau
    Les Chats ont tous une Peur bleue de l'Eau
    Qu'est-ce que ça peut être bête un Chat !
    C'est que les Chats sont des Poules mouillées,
    Sauf qu'ils n'ont pas de Plumes sur le dos
    Et que les Chats, eux, ne se mouillent pas :
    Ils ont trop Peur de se faire tremper !
    Quant aux Poules, elles se trempent bien
    Mais Rien n'est moins beau qu'une Poule d'Eau,
    Mieux vaut la plonger dans une Marmite :
    C'est si beau à voir lorsque l'on a Faim
    Une Poule qui n'a pas eu de Pot,
    Qui trempe dans l'Eau bouillante et s'agite.
    Quant à ces pauvres Gens qui ont si Faim,
    Ils voudraient manger de la Poule au Pot
    Pour ne plus rester la Peau sur les Os,
    Et même un Chat pelé leur plairait bien ;
    Mais Rien n'y fait, ils n'ont ni Pain, ni Pot,
    Ni Poule et même pas de Chat idiot !
    Et les Chats auront toujours Peur de l'Eau
    Et les Poules finiront dans les Pots,
    Mais les Affamés pourront boire l'Eau
    C'est mieux que Rien,
    Quand on a Faim !
01/08/96
Bain
    Lorsque le Courant est assez fort
    On peut y oublier ses Remords
    Mais quelle Eau pourra couler assez
    Pour bien laver un seul des Regrets ?
01/08/96
Ruisseau
    Elle se baignait nue en fredonnant
    Dans l'Eau claire d'un tout petit Ruisseau
    Où l'on voyait couler, Reflet charmant,
    Dans le creux de ses Seins un Filet d'Eau.
    Et le Soleil étincelait aussi,
    Illuminant le Reflet de Paillettes ;
    Ce Matin un Bonheur avait fleuri
    Et ruisselait auprès de la Fillette.
    Tu n'imaginais pas, qu'avec aussi peu d'Eau,
    L'Eau d'un simple Ruisseau
    Pourrait faire rêver
    De Paradis entiers ?
02/08/96
Arôme du Lac de Côme
    Ce jour-là, la Montagne avait habillé
    Ses Forêts d'un beau vert Chartreuse de Parme,
    Un chaud Soleil se souvenait de l'Été
    Qui était mort pas bien loin. Et une Larme
    Coulait d'un Ciel pluvieux, pleuvant sur Venise,
    Venise qui n'était pas bien loin non plus,
    Du moins d'après les Cartes aux Lignes grises,
    Mais ici les Pleurs vénitiens s'étaient tus.
    Avec Bonheur, le Lac de Côme ignorait
    Ces Chansons beuglées sans Coeur sur les Gondoles
    Qui ne plaisent qu'aux Amoureux imparfaits.
    Non ! Le Lac préférait l'Amour sans Paroles
    Emmêlant tendrement les deux Encolures
    D'un Couple de Cygnes aux Plumes d'Hiver ;
    Ces beaux Oiseaux s'aimaient là, dans le Murmure
    D'une Bise soufflant sur un Printemps vert.
    Pourtant, c'était bien l'Automne mais les Cygnes
    Vivent toujours, en toute Saison, dans l'Eau,
    Dans cette Eau fraîche qui rend l'Amour si beau...
    C'est un Signe !
02/08/96
Jeu d'Eau
    Dans les Fonds sous-marins on entend
    Des Fous-Rires de Mots souriants
    Cela vient des Otaries qui rient
    Jonglant avec les Mots d'Océan
    Pour éclabousser de Moqueries
    Ceux qui font la Gueule tout le Temps
02/08/96
Mémoire des Fontaines
    L'Eau a cette même Mémoire farouche
    Qui fait que les Étoiles dévoilent
    Le Prénom de chaque Enfant
    Qu'une nouvelle Naissance
    Prépare à mourir
    L'Eau se souvient de chaque Mot énoncé
    De chaque Syllabe prononcée
    Qu'on ait parlé avec Justesse
    Ou dans une profonde Cacophonie de Mensonges
    L'Eau ne peut oublier
    Les Paroles ne s'envolent pas
    Elles plongent toutes sans Exception
    Dans le Puits accueillant de l'Eau
    Qui inlassablement tend les Bras
    Aux Mots qu'on croyait, qu'on aurait voulu égarer
    Et ce n'est pas Tout
    L'Eau sait également conserver
    Dans ses Archives aquatiques
    Tous ces Non-dits, ces Non-criés, ces Non-chantés
    Qui déferlent dans les Déluges du Silence
    Jeunes Filles ne tremblez plus
    Lorsque l'on vous dit qu'on vous aime
    La Fontaine a tout entendu
    Et connaît par Coeur le Poème
    Elle sait déjà parfaitement
    Que de nouveaux Mots de tendresse
    Naîtront bientôt sous les Caresses
    Pour venir emplir l'Océan
    Jeunes Filles n'ayez plus jamais Peur
    L'Eau accueille ces Mots qui vous embrassent
    Puis doucement dans ses Flots les enlace
    Et les coule à Portée de votre Coeur
    Quant à vous Idiots, faites Attention
    Aïe ! crie l'Oreille de l'Eau qui s'allonge
    Lorsqu'elle perçoit un de vos Mensonges
    Dès lors, n'espérez jamais son Pardon.
    Car l'Eau sait
    Elle sait que les Mots
    Jetés par les Amoureux
    Doivent ricocher à sa Surface
    Sur tous les Amours qu'elle connaît déjà
    Voyez comme l'Eau vibre
    À chaque fois que ces Mots
    Ces Mots lancés avec Précision
    Dessinent sur sa Peau
    Des Cercles parfaits
06/08/96
Promenade au milieu d'un Lac
    Je voudrais tant que tu m'enlèves
    Comme ce Dimanche si beau
    Le Vent, le Soleil et les Mots
    Caressaient tendrement mes Rêves
    Tu me racontais l'Eau et sa Douceur
    Et qu'il est doux de s'y laisser bercer
    Je t'écoutais noyé dans un Bonheur
    Coulant vers toi l'Envie de t'embrasser
    Quel Bonheur d'être ainsi seuls tous les deux
    Nous naviguions sur le Lac endormi
    En savourant cet Instant si précieux
    Car nous flottions entre deux Infinis
    Blottis juste à la limite du Ciel
    Où s'envolent les Rêveries bleutées
    Et des Fonds marins où un Carrousel
    De Sirènes intriguent nos Pensées
    Alors pour que le Tableau soit parfait
    Tu t'es tournée pour trouver la Montagne
    Qui se cachait derrière la Forêt
    Comme un pudique Sein sous un Pagne
    Derrière ton Sein j'entendais ton Coeur
    Cogner si fort... Était-il heureux ?
    Le Clapotis de l'Eau battait en Choeur
    Et je crois bien que j'étais amoureux
    Et j'aurais mieux fait d'écouter le Vent
    Me soufflant de déposer un Baiser
    Sur ton petit Sourire si charmant...
    M'aurais-tu laissé ainsi t'embrasser ?
06/08/96
Goutte à Goutte
    Une Goutte d'Eau
    Naissant tout doucement
    Au creux d'une Source
    Une Goutte d'Eau
    Dans le Filet d'un Ruisseau
    Étincelant dans l'Aurore
    Une Goutte d'Eau
    Lavant avec Soin
    Le Duvet de tes Seins
    Une Goutte d'Eau
    Perdue dans le Déluge
    Où se perdent les Mots
    Une Goutte d'Eau
    Embrassant l'Océan
    Sous la Bise des Vents
    Une Goutte d'Eau
    Dans le Ventre d'un Torrent
    S'arrachant à la Terre
    Une Goutte d'Eau
    Gouttant d'une Fontaine
    Pour abreuver tes Lèvres fines
    Une Goutte d'Eau
    Éclairée par les Étoiles
    Dans un Lac endormi
    Une Goutte d'Eau
    Enfumée de Brume
    À la Surface matinale d'un Étang
    Une Goutte d'Eau
    Salée comme la Mer
    Amère comme la Guerre
    Une Goutte d'Eau
    S'évaporant dans le Ciel
    Par Crainte des Rivières
    Une Goutte d'Eau
    Transparente et limpide
    Comme un Flocon nuageux
    Une Goutte d'Eau vient de rouler
    Belle, triste et heureuse
    Sur la Joue dorée d'une Lune
08/08/96