
25/04/1996 - 07/07/1996
Wonder full of colors
    Lorsqu'on a goûté la couleur des rêves
    Qu'on s'est enivré en buvant leur sève
    Que reste-t-il ?
    Quand on a découvert que la nuit n'est pas noire
    Et que la lumière ne sera jamais blanche
    Reste-t-il encore quelques couleurs à boire
    Pour soûler nos p'tits coeurs déjà plus très étanches ?
    Les arcs-en-ciel existent-ils ?
    L'infra-rouge et l'ultra-violet
    Pourront-ils se laisser goûter
    Malgré leurs prénoms belliqueux ?
    Que se passerait-il
    Si nous ne pouvions plus ouvrir les yeux ?
    Verrions-nous alors Rien
    ou Tout
    Si nos mille yeux écopent ?
    Le paradis a-t-il un goût
    De kaléidoscope ?-)
25/04/96
Transparence translucide et transcendante
    Venez mon amour, grimpons aux couleurs !
    Quand nous serons en haut de l'arc-en-ciel
    Fermons nos yeux pour frissonner en choeur.
    Enivrons-nous, glissant du toboggan,
    Toujours plus vite jusqu'à l'éternel
    Lac endormi depuis la fin des temps.
    Là, enfin, baignons-nous dans cette eau claire,
    Laissons reposer nos rires d'enfance,
    Ceux qui coulent plus loin, comme un poète espère
    Dans une solitude au ton de transparence.
    Dites-moi mon amour si dans vos rêveries
    Vous aussi vous soûlez vos pensées féminines
    Dans cette eau sans couleur dont les couleurs envient
    L'émotion hors du temps si limpide et si calme.
    J'ai vu votre reflet dans ce lac transparent :
    Vous étiez si jeune, même pas encor née,
    Riant de tous vos yeux, de vos coeurs transcendants,
    Vos seins alors pointaient jusqu'à l'éternité.
05/07/96
Albinosie
    La solitude
    Est une épaule sans couleur
    Qui n'est pas là
    Quand on aimerait s'y consoler
03/05/96
Démons incolores
    Même le sang qui se déverse tristement
    Comme une larme qui coule est si transparent
    Aucun rouge violent ne peut l'animer
    Parce qu'aucune teinte n'est assez intense
    Pour pouvoir l'embrasser et lui donner substance
    Rien n'est jamais assez fort pour le colorer
    Les plaies qui s'ouvrent à nouveau sont volatiles
    Mais jamais vides le Néant n'existe pas
    Leur solitude délave le creux du bras
    Elle pèse tellement que c'est difficile
    Oui difficile
    Si invisible
    Plus illisible encore que l'opacité
    D'un amour incertain qui ne sait que rêver
    Infiniment plus muet qu'un silence de bible
    Trop immatériel comme un cri manquant sa cible
    Rien n'est terne le gris pourrait au moins griser
    Cette douleur qui pique le coeur de sa lance
    N'a de couleur que celle de la transparence
    Alors on ne sait plus à quel sein s'accrocher
06/06/96
Blancheur d'ébène
    Pourtant je me souviens de la nuit infinie
    Où je planais alors que je n'étais pas né
    Je me souviens du noir de ce ciel étoilé
    D'étoiles si blanches d'avoir rêvé la vie
    Seuls les enfants non nés ont cette rêverie
    De noir et blanc parfaits sachant imaginer
    Dans leur solitude si belle et grande assez
    Pour rêver sans couleurs de ce feu d'alchimie
    Lorsqu'un noir royal épouse une reine blanche
    Leur tendresse cosmique a cette beauté franche
    Qui couve sous son sein des reflets d'arc-en-ciel
    Et toutes les couleurs sont nées de cette idylle
    Entre astres de neige et noire nuit : éternel
    Rêve d'un enfant à l'innocence tranquille.
27/06/96
Page blanche
    Comment louer la blancheur d'une page
    Qui bientôt perdra sa virginité ?
    Tant de mots la demandent en mariage
    Pour sans pudeur la couvrir de baisers !
    Et la page conquise s'offre alors
    Reniant le temps où elle fut parfaite.
    Candide elle jouit, en redemande encor,
    Enchaînée sous les lignes d'un poète !
    Songeuse elle trouve la perfection
    À vingt mille lieues d'être immaculée.
    Rien ne vaut les caresses d'un crayon
    Pour émouvoir comme un conte de fée !
    Finalement les lignes
    Ne sont que quelques mots
    Assez riches et beaux
    Se mariant avec soin
    Mais sans aucun besoin
    Qu'on lise entre leurs lignes !
17/06/96
Gris
    Les cons sont tous gris comme des moustiques
    Tous ne sont pas forcément bien méchants
    La plupart parmi eux jamais ne pique
    On les écraserait bien tous pourtant !
    Pas besoin de se griser de nuances
    Quand on est moustique ou con, qu'on est gris
    On est dès qu'on naît bercé de malchance
    Inutile et triste quand on survit
    On voudrait être aimé de la lumière
    On vit dans des villes vides de vie
    Les murs au gris jaunissant n'ont pour plaire
    Que la couleur rêvée des lampadaires.
23/06/96
Sourire pastel
    Votre bleu sourire pastel
    Est si charmant et émouvant
    Mais il reste superficiel
    Entre deux couleurs hésitant
05/07/96
Couleur de vie
    Un trait
    Pas plus
    Aux reflets d'or
    Si vif
    Qu'il transperce
    Le ciel rouge
    De sa lame blanche
    Un trait
    Filant
    Jusqu'à la cime
    Si verte
    Pour féconder
    Les lunes bleues
    En un revers d'éclipse
07/07/96
Un rayon couleur de lumière
    Un beau rayon couleur de lumière
    Un rayon qui sait si bien se taire
    Un rayon tâché d'un blanc si pur
    Un rayon teinté de bleu bien sûr
    Mais voilé d'un jaune adoucissant
    La chaleur de son corps flamboyant
    Un rayon si gentil qui sourit
    Du coin des lèvres et puis s'enfuit
    Un rayon qui doucement respire
    Un rayon récitant le bonheur
    Un rayon sachant la joie de vivre
    Un rayon de la couleur des fleurs
    Un beau rayon ami du soleil
    Un rayon riant dès le réveil
    De voir encore un matin nouveau
    Un rayon dont les yeux perçants brillent
    Un rayon au visage si beau
    Rayonnant sur les jambes des filles
    Un rayon saoul des jupes jolies
    Un rayon déposant sur les seins
    Des baisers brûlant de mélodie
    Un rayon qui ne demande rien
    Si je pouvais être ce rayon
    Je demanderais au moins pardon
    Un rayon rond
    Un rayon ion
    Un rayon ré
    Un rayon là
    Un rayon ici, ici tout prêt
    Un rayon tendant à tous le bras
    Un rayon avec un très bon fond
    Rayon à l'allure de crayon
    Un rayon chantant la poésie
    D'une petite mine réjouie
    Un rayon débordant de tendresse
    Ayant la douceur d'une caresse
    Un rieur rayon qui rit
    Si je pouvais être lui
    Je rirais bien plus souvent
    Un rayon couleur de fête
    Un rayon couleur de vent
    Un rayon
    rien qu'un rayon
    tout bête
21/06/96
Retour sur un pré vert
    Il est bien naturel de penser au vert
    En le teintant des beautés de la Nature
    En y rêvant un renouveau qui perdure
    Comme si tous les rêves naissaient des vers
    Hélas le printemps est si académique
    Que sans espoir il finit par se faner
    Rougissant si honteux de se suicider
    Immuablement et sans qu'on ne l'explique
    Mais transgressant cet éternel éphémère
    Nos rêves de verdure ne se lassent jamais
    Et ils se laissent toujours transpercer sans arrêt
    Par les belles aiguilles d'un conifère
    Puisqu'une belle fille habillée de vert
    Reste une belle fille habillée de vert !
18/06/96
Tromperie jaune
    Le jaune serait une couleur de lumière ?
    Alors qu'il atténue la blancheur du soleil !
    Avec lui on ne peut sourire dans déplaire
    Pour grincer sous la dent il n'a pas son pareil...
    Car enfin, regardez un peu mieux ce mur jaune
    Tout éclairé qu'il soit, ne trouvez-vous pas
    Qu'il est bien trop terne pour recevoir l'aumône
    D'une fée lumineuse amoureuse des rois ?
    Non, le jaune manque trop de cette douceur
    Que la féminine lumière tant affecte.
    Et si la princesse doit donner sa chaleur
    C'est bien plus à ces flocons, beaux comme une insecte.
18/06/96
La rose éclose
    Qu'avions-nous donc besoin de cette couleur rose ?
    Si ce n'est pour qu'un jour, sans raison, on arrose
    À grands coups de pinceau, on barbouille, on maquille
    La chambre innocente d'une petite fille.
    N'avions-nous pas assez de notre vieille langue ?
    Pour voir cette larme, qui sur une joue tangue,
    Se laissant embrasser par des lèvres si fines
    Qu'un sourire n'empêche d'être féminines.
    Nous n'avons que collé un nom de jolie fleur
    À des êtres qui n'ont rien de cette couleur !
    À moins que nous n'étions alors un peu jaloux
    Que de ces doux êtres les baisers soient si doux ?
18/05/96
Irradiation bordeaux
    Ah Poète, comme tu t'es trompé !
    Trop longtemps tu as cru dans ton alcôve,
    Que la tristesse emprunte de beauté,
    Te faisait déverser des larmes mauves...
    Les gangsters de Saturne t'ont rendu
    Daltonien, à force de balles tristes ;
    Et sous ce feu, tes yeux sont devenus
    Aveugles, au point de perdre la piste !
    Car enfin, n'as-tu pas vu que ton coeur,
    Dans sa grande tristesse, où tu te loves,
    Avait cette magnifique splendeur
    D'une toute autre couleur que le marine ?
    Tu sais, ce spleen d'un autre baudelaire,
    À la fois si lourd, mais tellement beau,
    Resplendit toujours, de cette lumière
    Aux plumes irradiées d'un feu bordeaux.
06/05/96
Rouge brasier
    Le roug' n'est que violente passion
    Pas un amour qui offre le monde
    Mais plutôt qui se bat sans raison
    Pour le conquérir
    Et souffrir
    À la ronde
    C'est une beauté qui fait peur
    Amsterdam et Prague sont rouges
    Car noyées dans cette couleur
    Ell's ont trop souvent
    Bu leur sang
    Dans un bouge
    Et quand un astre se couche
    Aussi précipitamment
    Ne trouvez-vous donc pas louche
    Que nos coeurs se serrent
    Sans repères
    Bruyamment ?
04/05/96
Orangeade
    L'été
    Le soleil s'endort
    Sur la douce peau
    D'une belle fille
    Il lui donne
    Cette couleur d'orange
    Qu'on caresse tendrement
    Enivré par le parfum de son écorce
    Mais l'on sait
    Que le fruit
    Garde toute sa saveur
    À l'intérieur
    Pourquoi ?
    Pour qu'on le dénude
    Découvrant cette même couleur
    Que le réveil du soleil le lendemain
05/07/96
Bleu comme une mandarine
    Et le bonheur est bleu comme une mandarine
    Même s'il est teinté par la mélancolie
    Il lui reste toujours la chaleur alcaline
    D'une lumière en feu aimant rester fleurie
    Le bonheur
    À la beauté apaisante
    De l'eau bleue rêvant d'océan
18/06/96
Elfe bleu
    Les anges ont cette auréole bleue
    Presque transparente
    Que le ciel suspend
    Au-dessus de ta vie
15/05/96
Marine
    Les rêves sont bleus.
    À n'en pas douter !
    Il suffit de fermer les yeux,
    Pour tendrement les savourer.
    Lorsque la nuit brille si bleu marine,
    Que l'on voudrait pouvoir s'y envoler,
    Dans un doux songe à l'odeur alcaline,
    Ce chaud désir peut se réaliser...
    ... Enfin
    Et lorsque le rêve nous tend la main,
    Dessinant l'exquise esquisse du soir,
    On peut l'embrasser en un clin de lèvre.
    Souvenons-nous que le ciel n'est pas noir:
    Sinon le meilleur des orfèvres
    Ne pourrait exposer sa toile.
    Ainsi dans la beauté d'un bleu nocturne,
    Illuminé par une bonne étoile,
    Et par cette lune éclipsant Saturne
    Nos rêves peignent le tableau parfait
    Dans une dominante bleue.
    Et lorsque j'étais heureux, je
    Rêvais que ce chef d'oeuvre me souriait.
28/04/96
Rêverie d'azur
    La rêverie plane dans un ciel bleu
    Vir'voltant entre mille poésies
    Son imagerie est si infinie
    Qu'en sa compagnie on se sent
    heureux
    Ainsi blotti dans ses bras bleu ciel
    On s'envole bien loin du bleu marine
    Où plongent tous ces rêves qui fascinent
    Sans empêcher de leur être infidèle
    La rêverie emprunte à la féminité
    Tout ce qu'un ciel azur peut nous faire rêver
15/06/96
Beautiful lonesome blue
    Chaque teinte de l'arc-en-ciel
    Aime s'acoquiner d'une autre
    Aime à se marier l'une à l'autre
    Noces bénies du bleu du ciel
    Mais le ciel bleu lui est tout seul
    Le bleu se suffit à lui-même
    Comme un rêve d'amour qui s'aime
    Bleu marin rêvant d'une gueule
    Féminine dans chaque pore
    Où transpire encor et encore
    Le monologue de son coeur
    Et toutes ces bleues rêveries
    S'inventent des imageries
    De la tendresse d'une soeur
    Car le bleu a cette beauté
    D'un irisé feu d'artifice
    Admiré seul sans artifice
    De façon à entièrement
    Et pleinement en profiter
    En rêvant d'un bleu océan
    Dont la beauté a l'alchimie
    De sa bleuté si infinie
22/06/96